Interview de Éric Coquelin – Président du Groupe Professionnel Aéronautique et Espace Paris

Eric Coquelin

Président du Groupe Professionnel Aéronautique et Espace Paris


Zoom sur les Groupes Professionnels

Éric Coquelin nous présente sa carrière dans le secteur aéronautique et ce que sa place en tant président du Groupe Aéronautique et Espace lui a apporté tout au long de son parcours professionnel.

AMJE Paris : Bonjour Éric. Merci de répondre à notre interview.
Quel est ton parcours professionnel, de ton entrée aux Arts et Métiers sur le campus de Châlons en 1992 à aujourd’hui ?

EC : J’ai d’abord commencé à travailler dans l’industrialisation pendant 10 ans, travail consistant à faire le lien entre le bureau d’études et la production. Il s’agissait de concevoir les outillages de montage, de mettre en production les nouveaux produits et outillages et d’installer la chaîne de fabrication. En premier lieu, chez Goodrich, qui fait maintenant partie du groupe Collins Aerospace, un Tier 1 où je mettais en production des servocommandes de vol A320. En 2002 j’ai même pu faire une conférence avec des personnes d’Airbus et de Goodrich sur l’évolution des servocommandes de vol dans les avions. Ensuite dans les avions d’armes chez Alkan, une PME qui produit du matériel pour l’armée. Et finalement dans une société du groupe Safran qui réalisait des aérostructures d’avions et d’hélicoptères en tant que directeur des achats des produits composites et métalliques. Cette période m’a permis de constater que ce qui m’intéressait finalement était situé à l’extérieur de la société. Soldée par un échec, cette expérience m’a énormément appris et m’a permis d’évoluer vers une carrière commerciale plus en rapport avec ma personnalité et mes envies.

Grâce au réseau Arts et Métiers, j’ai rencontré un Gadz’Arts qui m’a soutenu pour entrer dans le domaine commercial. Je suis ainsi parti en Suisse durant 3 ans chez Pinta qui fait de l’isolation pour des avions (notamment les PC-12 de Pilatus ). C’était une expérience très enrichissante : l’isolation nous protège du froid mais également du bruit dans un avion. Je suis ensuite retourné en région parisienne pour rejoindre 3P, qui fait du plastique haute performance notamment pour les avions. J’y ai passé mes 8 plus belles années commerciales !

AMJE Paris : Tu as une parcours professionnel riche en expériences. Quelles auront été tes tâches ?

EC : En tant qu’ingénieur commercial j’étais responsable du portefeuille des clients aéronautiques et j’ai fait croître mon Chiffre d’Affaire de 34% en huit ans en le faisant monter à 10 Millions d’euros pour une PME dont le C.A. est de 50 Millions d’euros. J’ai choisi également de sortir du cadre et de réfléchir à de nouveaux produits à proposer. C’est ainsi que j’ai emmené la société vers du collage de thermoplastiques sur des substrats métalliques.

Mon activité principale était de développer les ventes de la technologie principale utilisée par 3P : le plastique haute performance, dont le PTFE (téflon). Le PTFE est livré aux clients sous forme de ruban cru puis fritté sur les câbles électriques utilisés en aéronautique. Cette matière est également utilisée déjà frittée (cuite), pour usiner des pièces et pour fabriquer des tubes flexibles qui acheminent le kérosène. Mon objectif était d’aller le plus possible vers le produit fini. C’est ce qui apporte le plus de valeur ajoutée et enrichit la société : cela permet de rentabiliser les outillages et les machines. La connaissance des matières plastiques apprise à l’Ecole en 3ème année m’a beaucoup aidé à conseiller les clients.

AMJE Paris : Quelle est la réalité du secteur aéronautique aujourd’hui ?

EC : La situation est aujourd’hui difficile, certains ne voient pas de reprise avant 3 à 5 ans. Ça sera d’autant plus difficile pour les personnes qui ont déjà de l’expérience car elles se sont souvent spécialisées dans ce secteur très exigent aux techniques particulières. Pour les élèves sortant de l’Ecole avec une expertise intéressante pour le secteur aéronautique, il peut y avoir un coup à jouer mais il faut être prudent.

Je voudrais préciser que le GP01 est le Groupe Professionnel aéronautique et Espace Paris. Nos adhérents (environ 1000) sont donc principalement situés en Ile-de-France qui est le premier pôle aéronautique français contrairement à ce que l’on pourrait penser. En effet, il y a autant voire plus d’employés travaillant dans cette région qu’en Occitanie. Les premiers avions français Blériot sont nés sur les bords de la Seine, près de Saint Cloud. C’est également en Ile-de-France que se trouvent les sièges de Dassault, de Safran, du CNES et du GIFAS.

C’est donc un très gros pôle qui recrute dans plusieurs spécialités : composites, propulsion, aéronautique, spatial, etc. De plus, l’annuaire des Gadzarts est très riche dans ce secteur : il y a plus d’Alumni Arts et Métiers qui travaillent dans l’aéronautique que de n’importe quelle autre école.

AMJE Paris : L'attrait des Gadzarts pour l'aéronautique est fort. Cela t'a-t-il motivé à intégrer le Groupe Professionnel Aéronautique et Espace ?

EC : J’ai intégré ce Groupe assez tôt car c’était mon domaine de prédilection : ma bucque (surnom aux Arts et Métiers) était Icare ! En rencontrant un marché difficile d’accès en 1996, après un an de service militaire, j’ai d’abord travaillé en CDD pendant 18 mois chez Alcatel avant d’obtenir mon poste chez Goodrich.

C’est en rentrant dans le secteur aéronautique que j’ai eu une appétence pour découvrir celui-ci ainsi que ses acteurs. Tout d’abord, en discutant avec les Alumni de l’école et en rejoignant le Groupe Professionnel après être allé à une première conférence. Voir ces anciens élèves présenter des conférences sur la scène de l’Hôtel d’Iéna m’a donné envie de les rejoindre et j’ai été très bien accueilli.

En 2002, le président du Groupe de l’époque a quitté la région parisienne et laissé son poste vacant. Je me suis donc présenté en tant que président et j’ai été élu par les membres du bureau.

AMJE Paris : Et quel est l'élément qui t’a motivé à te présenter en tant que président ?

EC : Je me suis rendu compte en travaillant en tant qu’ingénieur sur un produit chez Goodrich que je n’étais pas au fait de toute la structure industrielle. Je voulais mieux comprendre les rouages entre les différentes sociétés, quels étaient les différents acteurs et sous-traitants du secteur et les rencontrer. Le Groupe Professionnel m’a également permis de rencontrer certains dirigeants de ces sociétés.

C’était aussi l’occasion d’inviter des conférenciers célèbres comme Jean-François Clervoy, membre de l’équipe des spationautes français ou comme l’ancien président d’ArianeGroup (à l’époque Airbus Safran Launchers), Alain Charmeau qui est un Gadz’Arts. J’ai également pu rencontrer Jean-Claude Schoepf, Gadz’Arts et ancien directeur de l’assemblage final de l’Airbus A380 qui a pu parler de la construction de cet avion. Ces conférences portaient en effet sur les grands projets du moment mais également sur les carrières des intervenants.

Devenir président m’a ainsi permis de rencontrer directement ces sommités et de piloter ma propre carrière. En même temps, j’assouvissais ma passion : l’aéronautique.

AMJE Paris : Peux-tu donc dire que les Groupes Professionnels ont été un plus dans ta carrière ?

EC : Ça a été un plus par rapport à ce que je suis venu y chercher : une meilleure connaissance du marché. En tant que président j’ai pu orienter les conférences vers ce qui m’intéressait mais ce qui intéressait également le bureau. Les membres du bureau (environ 10 personnes de toutes générations) apportent leurs expertises et font appel à leur réseau pour trouver les conférenciers.

C’était également très riche en tant qu’expérience humaine. Sur une vingtaine d’années, le bureau qui était plus petit en 2002 a évolué et grandi. Nous avons fait en sorte qu’il puisse se renouveler régulièrement avec des membres plus jeunes.

AMJE Paris : Si tu devais t’adresser aux jeunes Gadz’Arts d’aujourd’hui, comment tu les conseillerais pour rejoindre les Groupes Professionnels ?

EC :  Il y a deux engagements possibles : en tant que participant et en tant que membre du bureau.

En tant que participants, vous pouvez venir aux conférences. Pour les élèves, le prix à payer est faible mais il faut être sûr de venir car c’est une forme d’engagement. Il est aussi possible de participer au dîner. Ouvertes à tous, nos conférences accueillent également de nombreuses personnes issues d’autres formations telles que Supaéro (ISAE), Centrale, Polytechnique, Supélec.

Par ailleurs, nous sommes toujours intéressés par de nouveaux membres qui voudraient rejoindre le bureau. C’est intéressant de venir après quelques années d’expérience professionnelle.

Enfin, pour ceux qui sortent de l’école et qui sont intéressés par le secteur aéronautique sans savoir s’orienter, il y a les afterworks dans le bar de l’hôtel d’Iéna. Initié au sein de la SOCE en 2007, cela permet d’aller au contact des gens et de développer son réseau pendant environ une heure en buvant un verre. Au sein du GP01, nous préférons mettre en avant les rencontres physiques plutôt que les webinaires qui se sont développés avec le confinement.

Pour plus d’informations sur le Groupe, vous pouvez également aller sur notre site web : gp01.gadzarts.org

AMJE Paris : Merci beaucoup pour le temps que tu as pris pour répondre à nos questions ! C’était très enrichissant de pouvoir découvrir ainsi le secteur aéronautique et le GP01.

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